mardi 8 juin 2010

Intermuse. Conclusions.

IV. Conclusions
1. Inter-musées. Un réseau de visiteurs
Inter-muse, c’est aussi un appel à développer les relations entre musées. On voit à l’entrée de la plupart des musées, un présentoir avec les folders de nombreux lieux touristiques du pays. Il existe de nombreux réseaux. Dans l’esprit d’Intermuse on plaide pour le développement de collaborations entre visiteurs et particulièrement entre visiteurs scolaires. Collectage de feuilles de présentations, de rapports d’enseignants et d’élèves…
Ce pourrait être un complément des dossiers pédagogiques, souvent excellents, réalisés par le personnel des musées avec la collaboration des maîtres.
Réseau de veille aussi. Des sentinelles pour repérer tout ce qui peut aider l’éducation scolaire et l’éducation à tous les âges de la vie.
2. Des échanges
L’outil informatique favorise évidemment les échanges. Échanges de commentaires, traductions, suggestions d’animations, … Partage aussi de revendications sociales : accès aux handicapés, jour mensuel d’accès gratuit, création d’outils de visites pour une compréhension vers les peu scolarisés, les analphabètes ou les illettrés.
3. Inter aussi inter-générationnel
Inter comme intergénérationnel. Une émergence dans notre société et sans doute dans tous les pays : la place des aînés dans le public des musées. Et les visites changent de sens. Elles sont de moins en moins une façon d’occuper une vieillesse de plus en plus longue, ou de compléter une formation que les aléas de l’existence ont laissée en friche. De plus en plus les aînés, les seniors veulent rester socialement utiles.
Il y a là tout un gisement de bonnes volontés efficaces. Il faut éviter que les anciens ne prennent les emplois des salariés de l’ « entreprise musée ». Les restrictions budgétaires des États face à la crise incitent plutôt à des scénarios optimistes. L’apport de volontaires peut avoir un impact non négligeable sur l’équilibre financier des institutions culturelles et donc sur les possibilités d’engagement ou au moins de maintien. Il convient que ces personnes soient défrayées, pour leurs déplacements, leurs formations, afin que leur travail ne les fragilise pas. Pour une bonne part cela pourrait aussi prendre de la forme de gratuité d’accès à l’intérieur d’un réseau. Il importe de bien réguler les termes de l’échange.
4. Intermuse comme « muses »
Dans la culture de la Méditerranée orientale, cet espace de passé et d’avenir qui fut le centre de gravité du projet Intermuse, les Muses étaient des déesses. Hésiode, fils d’un habitant d’Anatolie, mais immigré en Grèce, les a extraordinairement mises en scène.
Selon Pausanias elles étaient trois :
Aédé, la « voix »,
Mélété, la « méditation »
Mnémé, la « mémoire ».
Les musées ne sont-ils pas, en suivant le livre d’André Malraux, « les voix du silence » ? Lieux de méditation sur la vie et maisons de mémoire ?

Ensuite dans la tradition les muses devinrent neuf, filles nées de folles nuits d’amour entre Zeus et Mnémosyne :
Clio, muse de l'histoire;
Euterpe, muse de la musique;
Thalie, muse de la comédie;
Melpomène, muse de la tragédie;
Terpsichore, muse de la danse;
Érato, muse de l'élégie;
Polymnie, muse de la poésie lyrique;
Uranie, muse de l'astronomie;
Calliope, muse de l'éloquence.

Chacune d’elles mérite sa place dans un Musée vivant et lors de la « Museum Night Fever » de Bruxelles, au début mars 2010, toutes étaient présentes à leur manière aux Musées d’Art et d’Histoire du Cinquantenaire. Alliance de la dynamique muséale et de l’enseignement. Les halls du passé devenaient en cette nuit fiévreuse, espaces magiques de présentation de modèles créés par une Haute École de stylistes, déambulation sur des sentes de patchwork, déclamations poétiques, évocation du passé, … Entre le musée et le spectacle il n’y avait même plus l’épaisseur d’un rideau.
Puisse cette harmonie inspirer les parcours scolaires dans les musées !

Hélas ! dans les souvenirs de l’enfance, les Musées ont souvent été marqués par le signe de la contrainte. Suivre le guide, ne pas s’asseoir, ne pas regarder ce qu’on n’a pas désigné. La fantaisie est bridée, la Muse est muselée.

Boileau le dit dans son Art poétique :
Enfin Malherbe vint, et le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence :
D'un mot mis à sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la Muse aux règles du devoir.

Qu’Intermuse soit un chemin vers une Muse libérée, aux couleurs vives de l’interculturalité.

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