samedi 31 juillet 2010

Un musée à vocation universelle pour Jérusalem - LeMonde.fr

Un musée à vocation universelle pour Jérusalem
30.07.10 | 15h33 • Mis à jour le 30.07.10 | 15h33

"Ce qui fait un grand musée, c'est son inscription dans le paysage, son architecture, la force de ses collections, et surtout le potentiel de l'ensemble", dit James Snyder, le patron du Musée d'Israël, qui a rouvert au public le 26 juillet après trois ans de travaux. Il a raison : le nouveau Musée d'Israël, ce sont d'abord des perspectives.

La plus spectaculaire, dès l'entrée, est topographique. Elle conduit l'oeil vers le haut de la colline où les bâtiments ont été élevés, vers une oeuvre contemporaine monumentale du Britannique Anish Kapoor, en majesté sur la plus haute terrasse. Intitulée Turning the World Upside Down, Jerusalem ("le monde à l'envers, Jérusalem"), c'est une sorte de gigantesque sablier chromé, où les passants se reflètent sens dessus dessous, la tête en bas.

Une autre perspective est temporelle : les collections couvrent tous les champs de l'histoire de l'art, de la préhistoire et l'Antiquité à nos jours. Une troisième perspective est géographique, puisque des salles sont consacrées aux Inuits comme d'autres aux civilisations amérindiennes ou extrême-orientales. Un musée à vocation universelle, donc, dans le contexte particulier de Jérusalem.

Fondé en 1965 sous l'impulsion du maire de Jérusalem Teddy Kollek, le Musée d'Israël avait été conçu par Alfred Mansfeld (1912-2004) et l'architecte d'intérieur Dora Gad (1912-2003), sur le principe des villages méditerranéens construits sur des hauteurs. Sur un terrain pentu, ils avaient bâti des édifices cubiques, bordés par un parc de sculptures dessiné par l'artiste américain Isamu Noguchi (1904-1988).

L'architecte new-yorkais James Carpenter, chargé de la rénovation, en a remarquablement préservé l'esprit, malgré l'adjonction de près de 8 000 m2 de constructions nouvelles. Il est rare qu'un architecte de ce niveau soit aussi modeste et respectueux d'un site. Le nouveau musée s'étend ainsi sur 58 000 m2 et, dans le bâtiment principal, le passage des parties neuves aux anciennes est, pour le non-initié, totalement imperceptible.

Neufs, les pavillons d'entrée sont des cubes de verre pourvus de claustra, formés de lamelles de céramique de son invention, qui les préservent de la chaleur et de trop de lumière tout en paraissant presque transparents. L'ensemble a coûté 100 millions de dollars.

Un budget presque entièrement fondé sur des donations de particuliers, ce qui n'est pas la moindre fierté de James Snyder. Cet ancien responsable du MoMA de New York est un habitué du fund raising. "A l'origine de ce musée, il y a la générosité de vingt et une familles ! Et la totalité ou presque de nos collections (500 000 pièces environ) provient de dons. Nous sommes ainsi soutenus par quatorze sociétés d'amis à travers le monde, et la vente d'un de nos deux tableaux de Basquiat en 2007, pour 14,6 millions de dollars, a pu constituer un fond dont les intérêts permettent de nouvelles acquisitions."

Les collections sont réparties en une trentaine de départements. "C'est une opportunité unique", se félicite James Snyder, qui prend pour exemple la reconstitution de la collection personnelle du sculpteur Jacques Lipchitz, réunie dans des vitrines, où l'artiste avait mélangé tous les styles et les genres. "Nous pouvons opérer ainsi toutes sortes de transversalités, et je vais encourager fortement mes conservateurs à le faire", ajoute- t-il. C'est particulièrement spectaculaire dans la partie réservée aux antiquités, où les civilisations méditerranéennes se télescopent dans les salles comme elles le firent dans l'Histoire. La mise en relation constante de l'art mésopotamien, égyptien, juif, grec, romain, chrétien ou islamique, est extraordinairement stimulante.

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