mardi 8 juin 2010

Intermuse. Propositions pédagogiques pour les visites de musée.

Quels personnages ?

Au centre du projet Intermuse il y a l’élève. C’est son point de vue qui sera adopté pour les propositions pédagogiques. Beaucoup de travaux portent sur le travail professionnel du muséographe ou de muséologue, et des collaborateurs professionnels des musées.
Ici on a fait l’exercice de rechercher le point de vue du « muséonaute », pédestre et/ou numérique. C’est lui qui de plus en plus souvent construit son parcours original dans le musée. On prédit qu’avec l’évolution des outils informatiques il créera un jour son musée.
Le web classique, le Web 1, partait du producteur de pages informatiques qui étaient proposées comme telles au lecteur. Depuis 2003 et plus largement depuis 2005, on parle de web 2.0, plus interactif, où l’utilisateur peut nourrir lui-même des sites. Dans le domaine documentaire, wikipedia représente un exemple significatif. Une encyclopédie rédigée, validée et corrigée par ses lecteurs. Avec ses failles bien sûr, puisqu’on pourrait assez facilement introduire une œuvre ou un personnage historiquement inexistant. On a pu parler de science citoyenne, mais il faut bien sûr être prudent avec ce terme.
La valse des chiffres des webs ne s’arrêtera pas de sitôt. On explore le web 3.0, sémantique. Le web 4.0 intègrerait des techniques comme la réalité augmentée. La perception basique de la réalité pourrait être augmentée en temps réel par des images virtuelles qui donneraient des indications complémentaires. Par exemple pour une œuvre d’art, une fiche indiquant les caractéristiques de l’œuvre se superposerait à la vision de l’œuvre. Joël de Rosnay imagine déjà un web 5.0 qui réunirait le monde du web et celui de notre être biologique. Un monde fascinant et affolant où par des capteurs biologiques voire la lecture directe dans le cerveau humain les objets muséaux interagiraient avec le corps du visiteur. C’est de la science – fiction mais toutes les techniques servant à sa mise en place existent déjà dans les laboratoires.
Pour alimenter les fantasmes, que se passerait-il dans un musée où passant devant un objet le visiteur serait identifié grâce à ses caractéristiques biométriques, à son visage, ou simplement grâce à sa tablette numérique il se verrait proposer des commentaires en fonction de son profil ? On sait que celui-ci est stocké dans les ordinateurs de Google, Yahoo ! et des autres. Le visiteur pourrait susciter par la pensée ou par des moyens plus classiques l’appel à la présentation d’autres œuvres, du même auteur, de la même époque, d’un histogramme de couleurs comparables, d’une organisation de formes semblables… L’essentiel des données (profil personnel, reconnaissance des visages, mots-clés ou tags, géolocalisation, … existe aujourd’hui sur Picasa.
Un univers terrifiant mais les élèves comme les enseignants doivent se préparer aux futurs possibles.
Dans l’initiation aux connaissances les individus, et particulièrement les jeunes, jouent un rôle de plus en plus central. Ils ont de plus en plus de responsabilités dans la composition de leur paquet de connaissances.
Partir de l’élève c’est aussi prendre en compte ceux qui accompagnent son parcours. Les enseignants, les animateurs des musées, les parents ou les grands-parents..
L’élève visiteur au centre. Ce n’est pas un être isolé mais il appartient à une classe. Cette classe appartient à un établissement scolaire. La classe a peut-être un ou plusieurs projets d’année. L’établissement s’est peut-être donné une charte dans laquelle les bonnes relations avec les autres lieux de culture de la localité sont un enjeu défini.
Dans l’école, à côté des enseignants, d’autres membres du personnel sont sans doute impliqués dans une visite : les documentalistes, ceux qui remplissent une fonction logistique, peut-être des intervenants réguliers (parents, amis, …) pour les activités en dehors de l’école. Derrière les enseignants il faut mentionner ceux qui les ont formé ou les forment, dans l’enseignement supérieur ou lors de recyclages.
Une question : quels enseignants organisent des activités extérieures ? C’est parfois le privilège de professeurs de disciplines artistiques, ou d’éveil (biologie, histoire, géographie et sciences sociales). Pourquoi certains enseignants ne sont-ils jamais des accompagnateurs ?
D’autres professionnels et amateurs contribuent à la réussite d’une visite. Ce sont évidemment des bénévoles issus d’associations, des personnes momentanément sans emploi, des seniors qui veulent garder une vie active et socialement utile.
Cela parait traditionnel mais on revient au rôle de la famille, des frères et des sœurs, des parents et des grands-parents. En interrogeant des visiteurs du dimanche, pas mal de jeunes disaient qu’ils avaient visité le musée dans le cadre scolaire, et qu’ils revenaient un jour de congé avec parents ou grands-parents, pour approfondir, élargir leurs découvertes, participer à des activités, prendre des photos à l’aise…
Dans le musée, il faut considérer la présence de ceux qui ont été à l’origine de la collecte, de la conservation ou de la présentation des objets qu’il a admirés. Archéologues, historiens, artistes, scientifiques… Des représentants de métiers auxquels une visite aura initié. Plusieurs musées ou expositions proposent clairement des fiches de métiers, éveillent des vocations (l’exposition Congo River au Museum Africa de Tervuren (Belgium), l’Archéoforum de Liège en Belgique aussi).
Un groupe d’élèves parcourant un musée est un groupe structuré. Dans la classe se sont organisés des groupes d’affinité qui vont certainement être repérables dans la visite et les pratiques du musée. Chaque élève est déjà repéré par ses petits camarades. Il y le monsieur « je sais tout » qui répond avant tous les autres aux questions de l’animateur. Celui qui a tout vu « c’est comme au Musée de Mexico », « j’ai vu le même avec mes parents à Saint-Pétersbourg à l’Hermitage ». Ou celui qui ne s’intéresse pas aux vieilles choses. Celui qui rit de tout. Ceux qui prennent des notes, mitraillent de leur appareil photo, sont attentifs au détail…
Pourquoi ne pas organiser un groupe à tâche, chargé dans la foulée de la visite, de créer un travail qui relaterait l’expérience : un montage PowerPoint, un dictionnaire des mots utilisés et particulièrement de ceux qui pourraient devenir des « tags », une frise chronologique situant chacun des objets, un petit musée à l’école en écho à celui visité, … ?

2 commentaires:

  1. Un texte pour susciter les réactions. Ma position est celle d'un visiteur de musée, un muséonaute comme je dis. Et j'essaie d'améliorer le sort des élèves amenés à parcourir des musées, de façon pédestre ou numérique, voire virtuelle.

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  2. Si je ne suis ni muséologue ni muséographe je suis admirateur de ces professionnels.
    Je visite des musées de façon intensive depuis mon enfance (j'habitais près des Musées du Cinquantenaire et de l'Institut des Sciences Naturelles à Bruxelles).
    Avec le GLACS de Paris (Groupe de Liaison pour l'Action Culturelle Scientifique), nous avons étudié des dizaines de musées scientifiques du monde, en préparation à la Cité des Sciences de la Villette.

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