samedi 27 mars 2010

Intermuse. Paul Thielen retour d'Ankara

Retour d’Ankara. Vol de nuit. Quatre heures entre l’aéroport de la capitale de la Turquie et Bruxelles-National. Dimanche matin, sept heures trente, débarquement à Bruxelles dans un pays encore paisible sous la couette. En quelques heures j’ai refait à l’envers le parcours des Galates, Celtes conquérants, de l’Europe occidentale vers l’Anatolie. J’ai retrouvé un des grands axes des civilisations et des conquêtes, Rhin-Danube et jusqu’à l’Asie Mineure.
Près de 7000 km pour deux jours de rencontre avec des amis Roumains, Bulgares et Turcs. La conclusion d’un travail de quelques années. Intermuse, un projet Comenius 2 de l’Union Européenne. J’avais eu le plaisir d’être le représentant qualifié de l’IIT pour présenter publiquement le projet face aux représentants d’autres petits groupes de l’Union. Intermuse, Intercultural Education through Museums, Éducation Interculturelle à travers les Musées. Et ces jours-là à Polatli et Ankara, j’étais le seul européen du Grand Ouest dans cette Babel de langues pour moi inusitées, roumain, bulgare, turc.
C’était aussi une étape marquante dans mon parcours de vie. Après une école secondaire organisée autour du latin et du grec (et tout de même du français, du néerlandais et quelque touches d’anglais) je m’étais retrouvé par le hasard de l’existence en première année de biologie ce qui allait me mener à un doctorat. Mes branches favorites étaient jusque là l’histoire et la géographie. Je me suis dit que je suivrais bien ces disciplines par curiosité et par passion. Les sciences plus dures, bien qu’on qualifie la biologie de science douce, à la main caressante mais aussi osseuse, allaient peut-être encadrer mon esprit. Je me suis promis de suivre, tout au long de ma carrière, le développement des sciences et des techniques dans la société qui s’ouvrait alors au monde, et particulièrement à Bruxelles, dans la perspective de l’Exposition Universelle de 1958. Et bien qu’à l’époque mon espérance de vie fut de 64 ans environ, je pensais bien suivre ma bonne résolution jusqu’à 75 ou 80 ans.
Je voulais donc étudier les relations entre les sciences et les sociétés dans lesquelles elle baignent. Un premier cycle de philosophie et quatre années de théologie m’ont donné des outils complémentaires pour regarder et analyser la culture scientifique. Et vers mes 25 ans j’ai créé une association pour être activement présents avec des amis dans les aspects scientifiques de cette culture, le Groupe Galilée. Des sondages, une revue « les Cahiers Galilée », un « manifeste pour une culture plus scientifique » en 1970, un numéro spécial de « La Revue Nouvelle » mensuel progressiste « d’intérêt général », des chroniques régulières dans des périodiques, des conférences sur la bioéthique, Science et Croissance…
Et en 1970, après mon doctorat qui portait sur le contrôle des activités sexuelles mâles par le système nerveux (chez le Lapin) et une thèse annexe sur l’informatique appliquée aux cycles en biologie, j’ai participé à la création d’une unité de Physiologie animale dans laquelle je donnais des cours de Neurophysiologie, Organes des sens, Croissance et Sénescence, Comportement…
En octobre 1972, je participais parmi les pionniers à la création d’une ville nouvelle en plein champ : Louvain-la-Neuve. J’y ai pris l’initiative d’un Conseil des Résidents (devenu Association des Habitants). Mon association y a réservé un bâtiment nouveau, le Centre Galilée, mêlant locaux d’animation et habitat communautaire. La maison était « intergénérationnelle » comme on dit aujourd’hui, groupant étudiants, enseignants et chercheurs, couples et célibataires, enfants, jeunes et adultes. Cette logique d’habitat groupé d’étudiants et de réalisation de projets socioculturels est depuis les années 50 une des caractéristiques de mon université de Louvain. Dans la vieille ville de Leuven (nom flamand de Louvain), les logements s’appelaient « maisons communautaires », « maisons facultaires ». Dans la ville de Louvain-la-Neuve, ce furent des « maisons de service », des « appartement communautaire », et depuis 1975, les célèbres « kots-à-projet ». La place sur laquelle le Groupe Galilée s’établissait pris le nom de Place Galilée, ce qui laisse espérer que mon passage sur cette terre laissera une trace toponymique.
Dans cette ville nouvelle qui s’est bâtie autour de nous, notre association a développé un grand nombre d’activités : une animation urbaine « Energie sur la Place » au moment de la crise du pétrole, des réunions de quartier « Sciences sur la Place », des conférences… . Et puis une librairie, un centre de documentation Sciences-Sociétés, une centrale d’achat pour la micro-informatique naissante, une filière de formation, un atelier de réparation, des séminaires, des débats, des colloques…

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